Etre informé pour ne pas se laisser submerger par un imaginaire

27.03.2020

« Tout est allé très vite depuis ce 9 mars où le premier cas d’un soignant de la Clinique Bohler testé positif au coronavirus était connu et divulgué en toute transparence » nous précise Fabrice Caroulle, Directeur des soins du pôle Femme-Mère-Enfant. Fort heureusement, les contraintes du port d’un masque et d’hygiène liées à son lieu d’exercice professionnel ont permis de ne pas être une source de contamination de notre patientèle. Depuis lors, le plan de bataille contre cet ennemi invisible dénommé COVID-19 a été renforcé de jour en jour, d’heure en heure, donnant aujourd’hui une vision d’une clinique surréaliste pour les personnes non aguerries.

Qu’en est-il de la prise en charge de nos mamans et bébés ?

Au même titre que la politique nationale met en place des mesures pour limiter la propagation du virus, celles prises par le pôle Femme-Mère-Enfant ont pour objectif de protéger du virus tous les patients, de soigner avec force et engagement ceux qui sont contaminés mais aussi ceux qui ne le sont pas.

Dans ce sens, l’entrée du personnel ne se réalise qu’après questionnaire, prise de température, désinfection des mains et port de masque. Les patientes, soumises au même rituel, prendront un circuit spécifique en cas de suspicion ou infection avérée au COVID-19. A l’intérieur de la clinique, les circuits de prises en charge sont parfaitement scindés afin de ne pas mélanger le statut infectieux des patientes. Nous avons dédié au sein des policliniques, salle d’accouchement, bloc opératoire, services d’hospitalisation, des secteurs et du personnel spécifiques aux patientes infectées par le virus. Des procédures de prises en charge ont été élaborées. Elles sont connues, appliquées, réajustées au quotidien. Nous favorisons au maximum l’octroi de chambres seules aux patientes et le confinement par la distribution des plateaux repas. Nous offrons la gratuité de certaines prestations (TV, wifi…) et nos équipes sont très attentives à la vulnérabilité psychologique des patientes en ces temps difficiles. Nous tentons de préserver les séances prénatales en visio conférence. Nous ne séparons pas la mère de son enfant même dans le cas d’une patiente COVID-19 positive. Nous répondons aux questions des patientes par téléphone, via notre site internet, mais également via notre plateforme e-learning.  

Nous autorisons à ce jour pour les patientes non infectées et selon certaines précautions d’hygiène, la présence du papa asymptomatique à l’accouchement et la césarienne. Il ne nous a  pas paru raisonnable de l’accorder lors de l’hospitalisation. Cette mesure est difficile tant pour les couples que les équipes et contraire à la politique que l’on mène depuis des années au regard de la place que l’on développe et accorde aux pères. Toutefois, elle est en conformité avec la position de nombreuses instances, y compris scientifiques, afin de limiter la propagation du virus dans les maternités. Par ailleurs, nous restons sensibles aux situations particulières et réalisons une analyse au cas par cas si le besoin s’en fait sentir. De plus, des mises à disposition de tablettes avec possibilité de visio conférence avec plusieurs membres de la famille et amis sont développées dans le service de maternité, des mesures de bagagerie et d’échange d’affaires personnelles sont également en place.

Une mobilisation sans faille

Le Directeur des soins souligne également « la course contre la montre qui est engagée depuis le 9 Mars et le travail titanesque qui a été accompli dans tous les pôles des Hôpitaux Robert Schuman. Nous avons eu la chance par rapport à d’autres pays d’avoir pu nous préparer au mieux à cet afflux massif de patients qui se concrétise de jour en jour. Cela n’aurait pu se réaliser sans l’engagement indéfectible des forces en présence, qu’elles soient médicales, soignantes, logistiques, administratives ou dirigeantes. En 33 ans de carrière hospitalière, je n’ai jamais connu autant d’implication, de collaboration, de solidarité, de créativité au niveau des professionnels hospitaliers » précise M. Caroulle. « Toutes les ressources sont mobilisées, les congés reportés spontanément. Bien évidemment, tout un chacun a des craintes pour lui-même, pour ses proches, mais le climat est bon et très focalisé sur les missions que nous devons accomplir. Les plus fragiles d’entre nous, médicalement parlant, ne sont pas exposés. Lorsqu’une contamination survient chez un professionnel, des algorithmes décisionnels sont appliqués, une aide psychologique est en place, le comité éthique épaule les décisions, certaines contraintes habituelles de transport, de logement, de parkings ont été levées et appréciées de tous. »

Le regard médical

Dr Juncker, Directeur médical du pôle Femme- Mère-Enfant complète qu’un gros travail médical en amont se réalise.

« Les médecins favorisent les pratiques de télémédecine et limitent au stricte nécessaire les consultations sur place. L’accueil des patientes qui nécessitent une consultation sur place est assuré 24h/24 par l’équipe médicale : les urgences gynécologiques et obstétricales sont prises en charge avec le même souci de rigueur et d’efficacité qu’avant. Les soins nécessaires sont dispensés de la même façon en protégeant les patientes et les soignants ce qui implique parfois des changements des parcours habituels et bouscule des habitudes. La prise en charge médicale et les procédures sont adaptées « au jour le jour » aux nouvelles connaissances scientifiques suivies grâce à une collaboration avec, entre autre, le Ministère de la Santé et le « Réseau Perinatal Lorrain ».Notre soucis est de prendre en charge toutes nos patientes atteintes ou non par le virus.
Pour cela il est très important actuellement de venir accoucher dans la structure où travaille votre gynécologue qui vous a suivi et qui dispose de tous les éléments pour assurer votre sécurité et celle de l’enfant à naître. Une concertation et collaboration est en place avec la maternité et la néonatologie intensive du CHL. »

M. Caroulle conclut son témoignage par le rôle de chacun dans le respect des mesures de non propagation du virus. « Aider les équipes, c’est avant tout ne pas s’exposer aux risques de contamination. Cela prévaut également pour les mamans et les nouveau-nés, afin d’optimiser un retour à domicile  rempli de joies et de bonheurs bien mérités. »

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